Rencontre Magique
Le grand aigle aux ailes bleues de nuit fend l'air du soir, et il paraît frôler les
parages de la lune. Une lune que l'artiste représente souvent comme un fanal, une pensée du
souvenir, une vagabonde qui se souvient. Le maître souverain des oiseaux traverse cet
élément tout en puissance. Et soudain, tiré d'un autre monde, et sorti des mailles denses
de cet arbre de cocagne, surgit un oiseau différent, coloré de notes vibrantes, vrai joyau des
forêts. L'un fait des promesses de roi, l'autre chante en notes douces une mélodie de fleurs
unissant des joies et des douceurs. Quel moment secret fait conspirer ces deux hôtes de la forêt qui
semblent si éloignés ? Et quel concert peut naître de cette rencontre à la pointe
descendante du jour, ou dans les eaux de la nuit qui se mêlent en sombres voiles ? On reste
étonné par l'apparition des deux natures sauvages dont les rêveries éloignées
mesurent des mondes si tendus, réunis en un tel contraste. Sous ces grandes formes habitant la nuit, et
comme sorti de son rêve, une forme d'enfant-fée court et tend ses mains vers ce petit
théâtre dressé par les branches. Et elle seule, peut-être, qui ne sait pas voler, nous
dit que le monde est aussi beau que les chemins qui parlent, que les chênes qui racontent des fables
– comme celle-ci qu'elle a rêvée dans son cœur plein d'animaux de couleurs.
Eric Levergeois
Philosophe
2015
Magical Encounter
Translated by Dr. Ariane Galy (2024)
Translated by Dr. Ariane Galy (2024)
The great midnight-blue winged eagle soars through the night sky, brushing against the
moon’s edges - a moon that our artist often paints as a beacon, as the suggestion of a memory, a
knowing vagabond. The king of birds flies across the moon in total power. Suddenly, as if plucked from
another world, a second bird emerges from the dense canopy of this tree of plenty, boldly coloured, the
jewel of the forest. One bird makes a king’s promises, the other sweetly sings a flowery melody on
pleasure and joy. What hidden covenant led to these two seemingly distant forest inhabitants to join in this
moment together? What song could be borne of this dusk encounter, at the point in the day when the night
water becomes indistinct from twilight’s dark shadows? The union of these two wild entities, whose
distinct hopes and dreams reveal their discordant worlds, surprises us. Underneath these grand
night-dwellers, and as if awakened from a dream, a fairy-child runs open-armed towards this little arboreal
scene. Perhaps only she, who cannot fly, can tell us that the world is made beautiful by talking paths and
oak trees that tell fairytales – just like this tale, that was borne of her heart filled with animals
and colour.
Eric Levergeois
Philosopher
2015